Le Langage Musical De Ravel Dans Le Quatuor A Cordes
Editions Gérard Billaudot
A chacune de ses compositions, Ravel tend vers la perfection, sans jamais se contenter de ses réussites passées, et prêt même, dans les années 1920, à renoncer à ce qui fit la magnificence de ses chefs-d'œuvres antérieurs, la Rapsodie espagnole, Daphnis et Chloé, la Valse... Le choix d'analyser le langage du jeune Ravel, à travers son quatuor à cordes, permet d'envisager un angle d'approche très fructueux : comment se dessine la singularité d'un compositeur de génie ? Ravel est à la fois classique, romantique et moderne. Classique par son humilité et son respect de la tradition; romantique, non par son penchant à l'effusion, qu'il controle ou récuse, mais par son lien resté intact avec l'enfance, et son goût pour le merveilleux, tantôt sombre, tantôt lumineux; enfin, moderne, par son amour de la nouveauté et sa recherche (inavouée) de l'originalité. À cela s'ajoute une conscience aiguë de soi-même, qualité éminemment classique, qui lui permet d'avoir une attitude auto-critique impitoyable, et une intelligence qui le met à l'abri de tout mirage. Ces qualités vont développer en lui une ironie féconde et un rapport à la composition qui laisse entrer une part d'activité ludique : la composition devient ainsi un jeu. Quelle aubaine pour l'analyste ! Œuvre de jeunesse, le Quatuor pose aussi la question de l'héritage, des influences, questions d'autant plus pertinentes que Ravel lui-même en fait son credo, ne cessant de revendiquer ses modèles passés.